Explosion des dégâts de grand gibier
Prévention et indemnisation
A l'heure actuelle, seuls les dégâts agricoles sont indemnisés et font l'objet de mesures de prévention. Lorsqu'un particulier subit des dégâts de grand gibier sur ses prairies, ses arbres fruitiers etc., il ne peut pas bénéficier d'indemnisation et les frais de remise en état sont à sa charge. La somme serait probablement colossale, si tous les dégâts subis par les particuliers devaient être pris en charge.
De plus, pour pouvoir bénéficier d'aides (prévention et indemnisation) l'agriculteur doit justifier qu'il a fait le nécessaire pour éviter les dégâts, c'est-à-dire qu'il doit avoir cédé son droit de chasse à une société de chasse.
Depuis quelques années, les prélèvements de sangliers sont de plus en plus importants. En parallèle, les dégâts agricoles et forestiers causés par les grands mammifères, et principalement par le sanglier augmentent constamment. Ainsi, en Dordogne, le montant de l’indemnisation des dégâts, versée aux agriculteurs, accroît chaque année :
La situation n’est pas particulière à la Dordogne, les populations de sangliers sont de plus en plus importantes, dans toute l’Europe (Source). Les populations de sangliers explosent quel que soit les modes de prélèvements ou de gestion choisis (plan de chasse, classement nuisible…). Dans l’étude, il est évalué que le taux annuel moyen de croissance d’une population de sanglier peut varier de 80% à 200%. Une seconde étude menée entre 1982 et 2003 en Haute-Marne, corrobore ces chiffres et estime qu’avec une pression de chasse élevée le taux de multiplication de la population est de 1,06 (soit plus de 100%). Sans chasse, ce taux atteindrait 1,86 (Source).
Chasse interdite: un exemple suisse
Il existe en Europe, un endroit où la chasse est interdite...
Dans le canton de Genève en Suisse, la chasse est prohibée depuis 1974. Cependant la régulation du sanglier reste nécessaire et est effectuée par des gardes. De même, les cultures doivent être protégées par des clôtures électriques ayant pour effet de fragmenter l’espace vital de certains animaux. De plus, ce modèle serait difficilement transposable en Dordogne du fait de son coût élevé. L’estimation du coût d’une gestion sans chasseur pour le département reviendrait à … 53 millions d’euros par an. Une situation inimaginable…
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Quelle situation en Dordogne?
Nous avons tenté d’imaginer les effets d’une interdiction de la chasse aux sangliers à partir de la saison 2019/2020. Dans cette situation, les 15 000 sangliers prélevés cette saison ne le sont pas et ils se reproduisent librement en l’absence de prédateur « naturel ». Ne connaissant pas l’effectif réel de sanglier sur le territoire, notre hypothèse se base uniquement sur la population des 15 000 individus « sauvegardés ».
L’accroissement d’une population de sangliers (avec 50% de mâles et 50% de femelles) varie de 80% à 200%. De plus, la mortalité « naturelle » après naissance est de 20%.
Ainsi, dans le cas d’un accroissement de 80% d’une population de 15 000 sangliers la première année, il y aura, au bout de 5 ans, plus de 92 000 individus dans la population. Dans le cas d’une croissance de 200%, la population de sanglier passerait de 15 000 à 1 194 000 individus en 5 ans.
Nous avons ensuite estimé le montant de l’indemnisation des dégâts au bout de 5 ans sans chasse.
Nous avons calculé le coût moyen d'un sanglier sur les 5 dernières années. Pour cela nous avons divisé le montant de l'indemnisation des dégâts de sangliers (par exemple, en 2018/2019, il était de 358 294 €) par le nombre de sangliers prélevés (13 340 en 2018/2019). En effet, on considère que les dégâts sont causés par les animaux en surnombre, donc on estime que l’indemnisation concerne les animaux en surnombre et donc prélevés. Sur les 5 dernières saisons cynégétiques, le coût moyen d’un sanglier était de 18,83€.
Si on considère que le coût moyen d’un sanglier, alors au bout de 5 ans et avec un accroissement de 80%, les 92 877 sangliers couteraient 1 748 876 € d’indemnisation.
Dans le cas d’un accroissement de 200%, les 1 194 394 sangliers couteraient 22 490 431€ !
Ainsi, sans chasse, on assisterait probablement à une explosion de la population de sanglier ainsi qu’à une explosion des dégâts agricoles et forestiers car nous serions dans l’incapacité d’y faire face.
L’article publié dans Revue Forestière Française (Source) conclue ainsi : seule la chasse permet la limitation des populations excédentaires de grands ongulés sauvages ce qui permet d’éviter au plan écologique des profondes modifications de la flore forestière et des menaces sur certaines activités économiques.
Coût actuel en Dordogne
A l’heure actuelle, la prévention des dégâts est réalisée en grande partie par les chasseurs, ce service est estimé à 619 294 € en Dordogne en 2019. L’indemnisation des dégâts était de 483 050 € en 2018/2019 et les autres dépenses relatives aux dégâts étaient de 832 360 €. Ainsi, le coût total de la gestion des dégâts en Dordogne (temps bénévolat + dépenses fédérales) était de 1 934 704 € en 2019.
Sans chasse, le nombre d’animaux serait supérieur, donc les dégâts plus importants et les frais de prévention à la charge de tous les citoyens... Sans compter qu'il ne s'agit là que des dégâts causés aux agriculteurs. Mais qu'en serait-il des dégâts chez les particuliers?
Si seuls les dégâts de grand gibier font l'objet d'indemnisations, d'autres espèces peuvent aussi générer des pertes financières pour les agriculteurs comme pour les particuliers. Ce sont les "espèces susceptibles d'occasionner des dégâts".